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Interview avec Noevdia - Septembre 2024

https://www.noevdia.com/aluk-todolo

French replies were as follows and are made public along the English version by request of the band : 

1) Considérons un instant l’hypothèse selon laquelle le matérialisme – la croyance philosophique selon laquelle tous les phénomènes, y compris la conscience, peuvent être expliqués par des interactions et des processus matériels – est la seule explication du monde tel que nous le connaissons. Aluk Todolo pourrait-il exister dans une telle réalité, étant donné que vous avez souvent décrit votre travail comme une sorte de processus médiumnique ?

En partant du postulat que tu proposes, que j’entends ainsi : il n’existerait même pas d’alternative philosophique au matérialisme, eh bien la musique d’Aluk Todolo n’existerait tout simplement pas. Elle n’aurait pas de source, de matrice, ni de raison d’être, et dans ce contexte les moyens de sa manifestation ne pourraient même pas être envisagés. Notre tâche en tant que musiciens est d’incarner l’esprit dans la matière. S’il n’y a pas d’esprit(s), le médium disparaît aussi. A l’ère de la dématérialisation de la musique, l’inverse est tout aussi vrai. S’il n’y a plus de matière, il n’y a plus d’âme non plus. En quoi s’incarnerait-elle ? Notre processus créatif serait tout bonnement stérilisé. Une antenne capte et transmet, qu’elle n’ait rien à capter ou ne puisse transmettre ce qu’elle a capté la rend inutile. L’existence de la musique d’Aluk Todolo est donc la preuve que le matérialisme est une erreur. J’en profite pour rappeler que le nom Aluk Todolo signifie « les anciennes croyances », donc antérieures au matérialisme, au mécanisme, au positivisme scientiste qui sont à mon sens des aberrations philosophiques, et qui me semblent être tombés en désuétude même chez les scientifiques. Sans vouloir trop digresser, je me permets de citer Philippe Guillemant, ingénieur physicien qui nous dit, à propos du vide, qu’il est en réalité « une énergie constituée d’évènements potentiels, non encore manifestés dans la réalité. » il en conclut l’existence d’ «un champ d’informations extrêmement vaste correspondant au vide quantique dans lequel la conscience vient puiser pour construire notre réalité ».
Cf : Philippe Guillemant, Jocelin Morisson et Benoit Flamec, « la physique de la conscience », Guy Tredaniel, 2021, pages 33-34.


2) Nous sommes tous issus de la scène Black Metal ; c’est notre arrière-plan commun. Je suppose que chaque musicien subit des chocs esthétiques sans lesquels il ne ferait pas ce qu’il fait ou ne serait pas ce qu’il est.
Pour moi, au-delà du Black Metal, un exemple évident serait la découverte de Threnody to the Victims of Hiroshima de Penderecki, qui m'a frappé comme mille soleils explosant dans mon cerveau.
En ce qui concerne Aluk Todolo, vous avez mentionné un jour un album intitulé Outside the Dream Syndicate de Tony Conrad & Faust, datant de 1972, ce qui est tout à fait logique à l'écoute de Finsternis. On peut dire que Magma était également crucial. Pouvez-vous citer d’autres moments cruciaux, marquant un avant et un après clair dans votre existence ? Pourriez-vous également deviner, car c’est ce qui est révélateur de ces moments, pourquoi exactement ces découvertes ont changé la donne ?


La découverte du Black Metal a effectivement été un puissant choc esthétique, voire métaphysique, une révélation primordiale. En ce qui me concerne cette musique m’a donné la possibilité et la mission de devenir musicien, non pour passer le temps avec un loisir, mais comme l’on devient poète ou magicien, comme un moyen d’utiliser le temps qui nous est imparti dans cette incarnation de manière à ne pas le perdre, justement parce que c’est plus que de la musique. Le Black Metal était une musique spirituelle, et cet esprit se trouvait physiquement incarné dans la distorsion, le Cri, et le foisonnement des rythmes. En tant qu’autodidacte le Black Metal m’a démontré que la technique doit être exclusivement au service de la musique, que la maîtrise d’un instrument ne doit être développée que par et à travers la musique que l’on sert, que le moins l’on met de soi dans son art, plus cet art aura de sens. Les autres chocs musicaux qui ont suivi sont du même ordre. Le Krautrock notamment qui m’a fait l’exact même effet, Magma aussi, mais nous y reviendrons plus tard. A cette liste j’ajouterai aussi la rencontre de Drew St-Ivany, à l’époque où il travaillait sur l’album live de The Psychic Paramount.


3) Je pense depuis longtemps que, malgré des différences musicales objectives dans la forme, certains styles musicaux visent à puiser dans le même réservoir d'énergies. En résumé, le Black Metal, le Krautrock, l'Industrial ou l'ambient, les avant-gardes classiques, un disque de jazz comme Om de John Coltrane enregistré en 1965… on pourrait dire qu'ils sont des mondes à part et parfois même idéologiquement opposés, et c'est évidemment vrai.. Pourtant, ils partagent une parenté fondamentale si on les regarde sous le bon angle.(Veuillez commenter)

Je suis entièrement d’accord avec toi et je pense avoir répondu à cette question, du moins en partie, un peu plus haut.. Le Krautrock est un très bon exemple qui se suffit d’ailleurs pratiquement à lui-même pour illustrer tes propos puisque sous cette dénomination sont regroupés des groupes qui, stylistiquement, n’ont parfois, pour ne pas dire souvent, rien en commun.. Il suffira d’écouter ces albums classiques et représentatifs du « genre » pour avoir la preuve de ce que j’avance : le premier Ash Ra Tempel, Hosanna Mantra de Popol Vuh, Deluxe d’Harmonia, Tago Mago de Can, ou encore Zeit de Tangerine Dream. Envisager la pratique de la musique comme une quête spirituelle est pour moi le seul lien qui existe entre tous ces groupes. C’est ce qu’ont en commun John Coltrane et Ildjarn. Il existe d’autre ponts étranges que j’aimerais évoquer ici, au risque d’être un peu hors sujet, il s’agit des similitudes entre Surf Music et Black Metal : je recommande l’écoute du morceau Mar Gaya par the Fender IV, qui date de 1964, qui ressemble à une composition de Darkthrone sur Transilvanian Hunger. Comment expliquer cela autrement que par ce réservoir d’énergie commun que tu as évoqué ?

4) Aluk Todolo fête ses vingt ans cette année et vous sortez votre cinquième album LUX, dont nous parlerons dans quelques instants.
Avant de vous installer, vous avez tous les trois parcouru le monde, par exemple en Indonésie, et plus particulièrement sur l'île de Sulawesi, d'où vous avez ramené le nom d'Aluk Todolo.
Il me semble que, durant vos jeunes années, vous étiez en quête effrénée de quelque chose, et qu'Aluk Todolo a depuis été un moyen d'élargir cette quête par d'autres moyens que le voyage physique. Cette hypothèse est-elle correcte ?

Non, je ne suis pas tout à fait d'accord avec ça. En ce qui concerne le voyage intérieur, je dirais que la formation du groupe, comme outil ésotérique, nous a permis de mettre en synergie nos quêtes spirituelles individuelles au profit de quelque chose de plus grand, ou mettons, de les réunir et les dissoudre, de manière transcendante. Mais Aluk Todolo nous a amené à voyager physiquement bien plus souvent et bien plus loin qu'avant que le groupe n'existe. Et puis, nous ne sommes pas "installés". Personnellement, je ne supporte aucune routine ni aucun état statique, cela me plonge dans la dépression nerveuse. Je recherche le chaos, le désordre, l’intranquillité permanente et l'action. J'ai besoin de folie et de furie, pour me sentir vivre, sans quoi, je dépéris. J'invoque la tempête extérieure et intérieure, pour pouvoir Agir et Créer au lieu de faner et croupir. Notre groupe a 20 ans, il est jeune, fou, et ne sait pas ce qu'il fera plus tard, mais déjà, il a accompli un certain travail, qui l'a rendu fort et intrépide. Aluk Todolo est une mise en danger permanente. "Im anfang war die tat! Sturm und drang! "

5) La voix humaine est un vecteur très puissant pour canaliser les émotions. Aluk Todolo, en tant qu’entité instrumentale, y renonce. En écoutant la chanson 'Earth' du projet The Offering de Christian Vander, où il interprète un moment époustouflant de folie vocale basé sur des choses comme les onomatopées, je me demandais comment, le cas échéant, cela pourrait être adapté à votre réalité musicale…

Il se trouve que j'adore ce morceau d'Offering, je me souviens l'avoir réclamé à cor et à cris lors du concert de 2013 au Triton, et ils ont fini par le jouer! Christian Vander y fait une démonstration de folie contrôlée qui a très peu d'équivalent. Il passe sans que l'on comprenne comment, ni à quel moment, d'une sorte d'incantation en africain, à ce qui ressemble à un discours d'Adolf Hitler, et par bien d'autres états encore. Quel maître ! Mais c'est surtout amusant que tu cites ce morceau en particulier par rapport au fait que l'on ait renoncé à la voix humaine car Christian avec sa voix ne fait qu'invoquer John Coltrane et son instrument. Pour preuve, la manière dont ses doigts miment les mouvements d'un joueur de saxophone sur son micro. Il y a donc une transposition. Chez nous la place du chanteur est occupée sur scène par une ampoule. Notre chant est la Lumière, tout simplement.


6) Avec un album intitulé VOIX, il est évident que quelque chose est censé nous parler à travers ce qu'Aluk Todolo manifeste, bien qu'en utilisant des moyens différents du langage humain. Exemple concret : vous avez également décrit votre musique comme étant enthéogène, une musique visant à canaliser quelque chose de nature spirituelle ou même divine, en puisant peut-être dans ce que Kenneth Grant a appelé la zone mauve. Que conseilleriez-vous à quelqu'un qui n'entend actuellement que de la simple musique en écoutant Aluk Todolo, et non les voix qui chuchotent au-delà de la musique ?

A cette personne je conseillerai de changer de disque, car elle risquerait, au mieux de s’ennuyer, au pire de s’infliger une atroce migraine. Les voix chantant en-delà de la musique en font partie intégrante, ne pas les entendre, c’est ne pas écouter la musique. Mais l’on ne peut forcer personne à apprécier une proposition artistique. Moi-même, qui suis un adorateur de Magma, ai mis très longtemps avant de considérer ce groupe, sa musique et son univers, comme autre chose qu’un club pour handicapés sociaux jeu de rôlistes. La clef fut d’assister à un de leur concerts. De voir le geste m’a fait entendre Magma d’une toute autre oreille et je me souviens clairement du moment où, de retour de ce concert, j’ai écouté les albums que je possédais d’eux. La musique gravée dans le sillon n’était tout simplement plus la même qu’avant. Au vu de cela, je conseillerai peut-être finalement à cette personne de venir assister à l’une de nos représentations, si elle veut insister.

7) Les psychédéliques tels que les champignons sont un outil que de nombreuses personnes utilisent pour invoquer ou affronter avec précision l'enthéogène. Vous avez expérimenté des drogues au fil des années. Souhaitez-vous partager certaines des expériences les plus profondes, surtout si elles sont pertinentes dans le contexte d’Aluk Todolo ?

Je ne trouve pas que les drogues soient si intéressantes que ça, pour elles-mêmes. Elles ne sont qu’un outil qui permet d’accéder à certains états de conscience. Elles sont aussi pernicieuses par bien des aspects, même si évidemment je ne peux que remercier Albert Hoffmann d’avoir synthétisé le diéthylamide de l’acide lysergique. Mais pour ce qui concerne notre dernier disque, la révélation de LUX s’est produite sans adjuvant chimique aucun, par la simple observation du miroitement magique sur les vagues de l’océan et la synchronisation de la respiration avec le mouvement de l’eau. Ainsi ai-je pu en appréhender les cycles vastes et profonds, la nature mathématique et sacrée, et un chant scandé m’a été offert, ce chant étant la matrice de LUX et contenant tous les rythmes et notes du disque. C’était un moment sublime et d’une grande intensité, proprement numineux, évoquant le très puissant mysterium tremendum décrit par Rudolf Otto dans « le Sacré ». « la puissance agissante de la divinité, sentiment de présence absolue, une présence divine, à la fois mystère et terreur »

8) Votre public, lorsqu'il assiste à l'un de vos concerts ou écoute l'un de vos disques, se retrouve, en l'absence de paroles, sans beaucoup d'indices sur la manière de recevoir ce qui se passe. En fin de compte, ce qu’ils ressentent ou comprennent sera le miroir de leur monde intérieur.
Avez-vous des anecdotes intrigantes à partager sur la façon dont les gens reçoivent votre travail ? Peut-être surtout s'ils ont vécu quelque chose que vous n'aviez pas du tout prévu, mais que vous avez finalement reconnu comme pertinent dans le contexte de votre travail, faisant de l'art une voie à double sens, pour ainsi dire. Où quelque chose d'inattendu mais néanmoins de valeur vous est rendu
.

Je répète souvent que nous proposons une sensation, et laissons à la discrétion de l'auditeur/spectateur, les émotions, sentiments et autres paysages mentaux qui pourraient naître en eux à l'écoute de notre musique. L'image du miroir est pertinente d'après moi dans la mesure où l'on appréhende ce dernier comme contenant le reflet, dans le sens où les choses reflétées sont indifférenciées de la surface réfléchissante et qu'elles n'ont pas de substance propre. En cela l'utilisation du miroir comme instrument magique est possible. Mais la symbolique du reflet est associée en occident de manière tenace au mythe de Narcisse, dans sa version psychologique moderne, en contresens total, selon moi, d'avec sa source ovidienne. Je pense en particulier à un spectateur New-yorkais qui m'avait alpagué après notre performance, persuadé que la musique d'Aluk Todolo racontait son histoire familiale, ses traumatismes psychologiques liés à sa relation avec sa mère en particulier, ce qui je dois l'avouer m'avait plus gêné qu'autre chose. En revanche, plus récemment, une jeune fille a vécu une expérience qui se rapprochait énormément des impressions ressenties lors de la révélation de LUX. Elle m'avait narré avec force détails une série de visions étonnamment précises, qui correspondaient avec une pertinence telle à la source originelle de la musique, que j'en avais eu la chair de poule.


9) Le seul et unique studio Kerwax de Bretagne est l'endroit où LUX a été enregistré. Un studio entièrement analogique, avec des machines parfois plusieurs décennies plus vieilles que nous. À plus d’un titre, cela semble être le studio parfait pour Aluk Todolo.
Lorsqu’on enregistre dans un tel endroit, où seuls des ajustements techniques mineurs sont possibles par rapport aux possibilités infinies offertes par l’ère des DAW, il s’agit principalement de capturer l’interprétation parfaite d’une chanson spécifique. Pas de copier-coller quelque chose. Ce qui se passe devant les micros doit être réel.
(Commentez, n’hésitez pas à partager des anecdotes liées à votre séjour à Kerwax, ou au mode opératoire de Christophe.)


Évidemment, la technologie analogique s'est imposée comme le seul moyen pour parvenir à nos fins. La recherche de l'interaction dans l'instant ne peut être que grossièrement singée par le digital, et de façon malaisante et factice. Il nous faut de la chimie et du magnétisme. Nous avons mis 7 ans à finaliser la composition de Lux , et seulement quelques heures à l'enregistrer. Je ne crois pas que l'on ait interprété plus de 2 versions de chaque morceau. Nous désirions cette spontanéité, et nous avons délibérément choisi l'énergie au profit de la perfection, quitte à ne pas corriger certains plantages. Christophe Chavanon possède et maîtrise du matériel, et utilise des méthodes de travail qui nous ont parfaitement convenu. Il y a eu lors de la session au Kerwax des moments de grâce, comme par exemple lors de l'enregistrement de cet overdub, sur la première pièce. Alors que cette ritournelle en trois notes s'était imposée à nous comme nécessaire puis indispensable, le choix de l'instrument pour la jouer s'est dirigé, en toute simplicité, vers le vibraphone utilisé par Magma dans les 70's. Car ce studio est également un musée, rempli d'artefacts d'un autre temps, et pourvu en merveilles par Klaus Blasquiz, historique premier chanteur de Magma, et collectionneur infatigable de matos hi-fi vintage. Je tiens à dire également que la Bretagne est une contrée magnifique et excessivement chargée en magie, très inspirante, comme hors du temps et du monde modernes.

10) Bien que dépourvus de paroles, les albums d’Aluk Todolo ont néanmoins une forte épine dorsale conceptuelle. En ce qui concerne LUX, vous m'avez partagé un document préparatoire, des photos d'un cahier, et je me souviens avoir lu les quatre éléments suivants griffonnés sur l'une des pages. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi chacun d’eux était important lors de la structuration de LUX ? Henri Vincenot les étoiles de Compostelle, Savitri Devi, la foudre et le soleil, Aleister Crowley, La vision et la voix, La notion de nombre dans l'espace et le temps, une notion d'astrologie tirée de l'ancienne notion de quadrivium.

Oui, lorsque nous vous avons envoyé les démos de Lux, à toi et Tyler (the Ajna offensive) nous avons décidé d’inclure ces quelques notes manuscrites, issues d’un petit carnet de bord du processus de la «conception» de LUX. La petite bibliographie que tu as relevée est effectivement importante, quoi qu’incomplète. Il faut dire tout d’abord que nous avons un rapport obsessionnel a la composition, et que lors du processus créatif, divers éléments extérieurs entrent en synchronicité de manière naturelle avec notre travail. Les étoiles de Compostelle d’Henri Vincenot , auteur bourguignon, traite entre autre d’architecture et de géométrie sacrée. Il contient énormément d’informations qui furent très utiles pour résoudre l’équation de LUX, et l’on peut dire qu’il est entré doublement en résonance avec notre travail , le livre décrivant non seulement l’objet de LUX, et sa forme, mais aussi sa méthode de composition, puisqu’il a été rédigé en utilisant ce même procédé» médiumnique», (qui n’est ni plus ni moins que le système décrit et employé par Aleister Crowley dans» la Vision et la Voix «)Nous y avons découvert ces mots, en celte «Lavar Ah Sklerijen» la Parole et la Lumière, autant dire «Voix et Lux». Ce livre s’est étonnamment retrouvé lié à La Foudre et le Soleil de Savitri Devi, et tout spécialement à la partie dédiée à Akhenaton, par un poème bourguignon, chant anonyme de laboureur du XVIIIE siècle cité sans aucune justification, dans un troisième ouvrage:
«Hymnes à la religion d’Aton». Le voici:
V’laî l’soulei qui s’leuve biau,
I’fai raimaiger le’ osiau’ ;
Tretous ditoînt en leû’ langaige
S’i’ se breuillait, hô ! queû doumaige !
Mais le texte le plus important fut sans doute« les Hymnes de Abhinavagupta», poète cachemirien et maître du shivaïsme du 10e siècle, traduit et commenté par Lilian Silburn, et particulièrement "la quête de la réalité ultime" dont une transcription en sanskrit phonétique se trouve dans la pochette de LUX et dont voici la première strophe traduite en français : «Parce qu’il pénètre toute chose au plus haut degré, Lui dont l’essence est lumière consciente, il ne brille pas séparé des lumières du soleil, de la lune d’une lampe, etc. C’est pourquoi les expressions«illumination» et «illuminé» ne valent que de façon relative.»


11) Ce qui sous-tend le travail d’Aluk Todolo est presque une position réactionnaire. Pas dans un sens politique mesquin, mais dans le sens d'un rejet de la modernité, tout en défendant certains principes qui pourraient tomber sous le terme vague de « tradition ». Ceci étant dit, il doit y avoir une sorte de dialogue entre LUX et le monde en 2024, n’est-ce pas ?

Je pense que précisément parce que la musique d’Aluk Todolo aurait la même… nature, quelque soit le contexte civilisationnel, elle entre en conflit avec le monde moderne dont le fonctionnement et la morale sont antithétiques à la voie des ancêtres. Notre recherche d’atemporalité est combattue vivement par l’instantanéité de l’époque, et non l’inverse. « la foi n’est pas une conviction que nous devons défendre, mais une conviction contre laquelle nous n’arrivons pas à nous défendre » Nicolas Gomez Davila « le réactionnaire authentique » éditions du Rocher, 338.


12) Vous avez déclaré un jour que votre musique n’offrait pas la guerre, mais l’amour. C'est une quête répétée pour essayer de toucher la lumière rayonnante intérieure. Pourriez-vous développer ce que vous entendez par cette affirmation ? Je suis particulièrement intéressé par le voyage depuis la haine intense qui fait partie du Black Metal tel que nous le connaissions, jusqu’à cette ambition telle que vous la décrivez. Pour le contexte, je voudrais citer Léon Bloy : Il y a une si petite différence entre la lumière du Christ et celle de Lucifer.

Pour le contexte, et en guise de réponse, je voudrais citer Jacques Trescases, qui dans «La symbolique de la mort ou herméneutique de la résurrection» nous dit: « La Connaissance et l’Amour sont une même chose, et l’éveil ou le réveil du Surconscient est, seul, de nature à nous en ouvrir l’accès. La pratique des mystères, tout en ayant le même objet, oblige les adeptes à redécouvrir et parcourir, personnellement, la totalité de la voie initiatique qui a pour effet, sinon pour but principal, de pourchasser dans ses tréfonds, le SUBCONSCIENT, - symboliquement « LES TÉNÈBRES » -, afin de réveiller et faire émerger le SURCONSCIENT, symboliquement « LA LUMIÈRE »