Shantidas : Symphonie n°1
Variations sur Oxygène pour platines et pédales
(1 x tape 43:30)
Shantidas : Symphonie n°2
Variations sur Equinoxe pour platines et pédales
(
3 x tapes 190:16)
past shows :
Pétards dans ta gueule :
2009-06-15 : Rigoletto - Paris with SINK (fin)
2009-07-24 : Vaisseau - Paris - Le Placard, headphone festival
2009-09-10 : Chiquito - Paris with GR, Sonic Surgeon, Erik Minkkinen
Symphonies :
2009-11-14 : Chiquito
- Paris with B-Tong(ch), Aun (can)
2009-11-26 : la Miroiterie - Paris - Festival Le Fou
2009-12-18 :
la Miroiterie - Paris with Super SS, The Noiser, Strom Varx
2011-05-03 : Culture Palace - Ivry sur Seine - with Diskrepant (swe)
2011-06-24 : Ecole des Beaux Arts de Paris (amphithéatre de Morphologie) - with Nox Factio
2013-01-21 :
Instants Chavirés/ Le Non_Jazz #2101 - Montreuil - with Trop Macaca & Le Very Large Orchestar
2018-03-23 :
Les Voutes /Au-delà du Silence - Paris - with Throane
2018-06-30 : Tapette Fest - Jallais
- with Merry Crisis, Grand Bouc Noir, Nuit Noire ...
2018-08-08 : Brutal Assault Festival - Czek republic - The Keep Ambiant Stage - with Void Of Voices, lamia Vox, She Spreads Sorrow...
2018-10-29 : La Cantine de Belleville - Paris - with Thisquietarmy
2019-04-17 : Espace B - Paris - with Fauna & L'Acephale
Requiem pour un caddie :
2019-05-02 :
La Cantine de Belleville - Paris - with Lacustre & Darsombra
2019-08-27 Zurich - Switzerland - Ebrietas - with Leaden Fumes & Aluk Todolo
2019-10-05 Autistic Campaign - Rouen (Maromme) -
L'Académie - with Sister Iodine, Tzii, Oerg In etc...
2019-10-19 Espace B - Paris - With Lingua Ignota
Shantidas : black ambient noise ? mais pourquoi ça, black ? parce que c'est un blackeux qui s'affaire, sur cet établis de bricoleur ? ou bien parce qu'on a l'impression, en écoutant son death industrial sournois, de partager un vaste vivarium avec la bestiole du Volcano de Satyricon, si vous voyez, tantôt chuchotante au loin, tantôt rôdant paresseusement hors de vue dans un parage trop court, tantôt prise d'une fulgurante rougne prédatrice - vivent les embardées bourrines sur les potards d'infrabasse, les beats stalactite qui gouttent qui s'en vont et s'en viennent, les ambiances calmes à la Monstrous Soul - et vivat surtout pour les petits pétards suramplifiés, même s'ils ne fonctionnent pas toujours ; rafraîchissant et agrippant à la fois, ce n'est pas à la portée de tout le monde.
J’écoute Shantidas : Symphonie n°1 Variations sur Oxygène pour platines et pédales
Une cave à Belleville, un mercredi soir : Burial Hex joue devant une cinquantaine de personnes faisant résonner ses drones métalliques entre les vieilles pierres saumures de l’endroit. A l’autre bout de la salle improvisée, tout en long, une table jonchée de disques, vinyles, CD et cassettes : on y repère une cassette posée en grand nombre, signée Shantidas, membre d’Aluk Todolo, groupe français oscillant entre Metal et Kraut, dont les disques sont posés par loin. Le titre de la cassette intrigue et force à poser deux ou trois questions, comme ça, à un garçon qui s’avère en être l’auteur. « C’est quoi cette cassette ? – c’est une cassette jaune – ben oui, j’ai bien vu et sinon ? – c’est fait à partir de vinyles de Jean-Michel Jarre, mais ça ne ressemble plus à Jean-Michel Jarre, c’est plus ambient et un peu noise aussi. Elle vient de sortir, juste pour le concert. si tu l’achètes, tu seras le premier ». Chose faite, cassette embarquée à la maison, avec en tête cette conversation récente avec Keith Fullerton Whitman qui disait en avoir assez de tous les gamins qui prennent un disque et le passent dans une pédale puis prétendent qu’il s’agit de leur musique. Mais, ici, ce n’est pas un gamin qui parlait et la cassette, une fois bien écoutée, n’est pas une simple altération d’un disque de JMJ grâce à un ou deux filtres : elle documente plutôt un moment passé à avec des exemplaires d’Oxygène, malmenés, malaxés, traités avec des pédales, mais aussi avec une idée d’intervention sur la matière même. La cassette aurait pu sortir sur Touch la semaine dernière ou il y a vingt ans – elle manipule quelque chose de vivant et masse étrangement les oreilles. Elle se trouve sur le site du label, Amortout.
2018-03-23 :
Les Voutes /Au-delà du Silence - Paris - with Throane
Le projet parallèle d’un des membres d’Aluk Todolo. Ce groupe de Noise Rock psychédélique et abstrait, entièrement instrumental, tantôt blackisant, tantôt krautrock selon les sorties. Formation qui mine de rien se forge une petite renommée méritée, puisqu’ils joueront au Brutal Assault (secrètement je les espère sur l’Oriental Stage, même si je n’y crois pas trop).
Mais là par contre, c’est encore de la noise la reine de la soirée. Beaucoup plus ambiante et moins agressive. Je ne voyais pas très bien le dispositif de là où j’étais. Toutefois, j’ai cru comprendre qu’il s’agissait de verre pilé utilisé à même les platines, pour produire des grésillements. Beaucoup plus spatialisés que les performances précédentes, il s’agissait surtout d’une sorte de drone lourd et ambiant permanent qui tournait inlassablement en toile de fond, variant en hauteur, accompagné de craquements pleins d’échos, sûrement provoqué par les bris de verre. Tout l’intérêt du montage est d’avoir accroché des sortes de petites lampes torches sur les platines, à la verticale. Ainsi, peu importe l’aléatoire des manipulations, les raies lumineuses les accompagneront toujours. L’illumination périodique de la voûte bosselée ajoutait au caractère énigmatique à la prestation. Si le film précédent montrait comment ce type de performances peuvent dialoguer avec l’espace où elles prennent place, on en avait ici une illustration exemplaire.
Comme je l’ai dit, j’étais un peu en retrait, ce qui m’a permis de m’écrouler dans un strapontin profond de la salle, et de complètement me laisser envahir par cet écoulement caverneux, stationnaire en apparence uniquement.
Peu à peu, la noise s’amplifie, le bruit blanc occupe de plus en plus tout l’espace sonore. Soudain Shantidas Riedacker quitte la scène, s’avance pesamment entre les rangs, une sorte de dague en main qu’il utilise visiblement pour faire varier le son. Puis tout dégénère et s’emballe dans un genre de trip psychédélique final. Personnellement j’ai moins accroché à cette partie, qui faisait un peu trop « travel into space » plus cliché et exubérant que le dépouillement et l’austérité pesante de la première partie. Mais plus intéressant sans doute que de conclure par juste une saturation totale. Après il faut bien voir le caractère totalement unique de ce genre de représentation. En réécoutant le bandcamp de Shantidas, rien ne ressemble exactement à ce que j’ai pu entendre ce soir-là.
Petit fait intéressant à noter : la présentation des albums reprend exactement les codes de la maison de disque Deutsche Grammophon. Mais si, vous savez ce petit fond blanc encadré par un genre de cadre classique jaune ouvragé pour les titres. De la même façon, les titres vont dans ce sens « Symphonie n⁰2 : Variations sur… » en reprennent la manière courante de titrée une œuvre de MSO.
2018-03-23 :
Les Voutes /Au-delà du Silence - Paris - with Throane
Après cette entrée en matière, vient le premier concert de la soirée, Shantidas. Projet d'une moitié d'Aluk Todolo, Shantidas est une expérimentation noise, mais bien plus accueillante que les performances du documentaire. Armé de deux platines, une machine à bruit composée de diverses pédales, de quelques bris de verre et d'un couteau à cran d'arrêt (!), Shantidas va nous faire méditer sur sa Symphonie n°2 : Variations sur Equinoxe pour platines et pédales. Difficile de faire entrer le lecteur dans ce qui reste plus une performance qu'un réel concert, le mieux étant peut-être de décrire le dispositif : deux platines surmontées de mini-projos tournent (et de ce fait, font tourner les lumières), pendant que Shantidas bidouille ses boutons, ajoute quelques morceaux de verre sur les vinyles pour produire d'aléatoires grésillements, plante sa lame et la fait résonner, lance des effet dronisants, lâche un larsen, bref construit une symphonie de bruits, jamais trop agressifs mais toujours un peu perturbants, inattendus. La progression est lente mais perceptible, les couches sonores semblent s'épaissir, et quand arrive la dernière séquence du concert, avec ces lasers qui traversent les Voûtes embrumées, l'ampleur du rituel prend tout sa dimension et la redescente est étrange une fois les machines éteintes et les lumières rallumées. Entre noise, ambient et drone, Shantidas est le Jean-Michel Jarre de l'underground.
Setlist de Shantidas : Symphonie n°1 : Variations sur Oxygène pour platines et pédales
2018-08-08 : Brutal Assault Festival - Czek republic - The Keep Ambiant Stage - with Void Of Voices, lamia Vox, She Spreads Sorrow...
Shantidas
Keep Ambient Lodge
20:10
Hugo : Le soleil va bientôt se coucher sur Jossefov, et l’on retourne à la KAL assister au concert de la mystérieuse entité Shantidas, menée par le guitariste d’Aluk Todolo que l’on retrouve également à l’affiche du festival. Prenez donc, pour commencer, du dark ambient. Des couches claires de cette musique qui sont la base de Shantidas, des couches qui sont comme des vagues traversant la pièce. Puis, à la manière de montées en puissance psychédéliques, viennent s’ajouter à ces couches des parties plus bruitistes qui me rappellent Prurient par exemple. En gros, on alterne moments calmes et passages de chaos véritable, toujours dans une homogénéité glaçante. Tout le set est instrumental, mais on a vraiment l’impression que la musique a ici quelque chose à raconter, à la manière d’un Murmüure. Il y a une part de calcul, c’est évident (la première réalisation de Shantidas sera interprétée ici en intégralité), mais l’homme laisse également place à de l’improvisation, comme lorsqu’il s’empare d’une dague pour asséner des coups à son matériel par exemple, comme pour ajouter un instrument supplémentaire. « Symphonie n°1 : Variations sur Oxygène pour platines et pédales » fonctionne à la manière d’un matériel brut qui se voit être retravaillé en live. Tout le long de la semaine, la KAL aura vu défiler des sets proposant une véritable expérience musicale unique. Mais jamais l’on aura été aussi rassuré et presque effrayé, figé sur place, de tout le festival. Shantidas est à la fois un havre de paix et un blizzard dont on ne sait s’échapper, un moment complètement hors du temps qu’il faut vivre pour comprendre.
Nostalmaniac : Alors que je n'aurais pas l'occasion de revoir Aluk Todolo (en conflit avec Wrathprayer sur le RO), je me console avec le projet solo de son fascinant guitariste, Shantidas (Diamatregon, ex-Blacklodge). Qui a déjà vu Aluk Todolo sait que c’est une véritable expérience musicale et je ne pouvais pas m’attendre à moins avec ce projet annexe. Dans l’ambiance flemmarde de la KAL, Shantidas reprend certains ingrédients dont le côté lumière minimaliste avec un écran qui grésille et deux mini-projos en mouvement sur ses platines. Le projet touche clairement à l'expérimentation et à l'improvisation, de manière plus dépouillée qu'Aluk Tolodo. Une expérimentation noise/drone avec les pédales d’effets et les grésillements sur les vinyles dans une atmosphère profondément sombre. Si je suis plutôt spectateur et m'efforce d'être attentif pendant les vingt premières minutes, je me laisse emmener au fur et à mesure en fermant les yeux et les bidouillages sonores me font énormément d'effet en me donnant l'impression de quitter les lieux et d'être seul avec moi-même. Comme l'impression de quelque chose d'inarrêtable, d'une chute sans fin. J'ai rarement ce genre d'impression en concert et c'est tout sauf déplaisant. Ca restera tout simplement une de mes perfomances préférées du festival.
2019-04-17 : Espace B - Paris - with Fauna & L'Acephale
SHANTIDAS n’est autre que le projet solo de Shantidas Riedacker, guitariste d’ALUK TODOLO. Ce premier set commence dans une obscurité quasi complète devant une vingtaine de personnes seulement : un homme, baskets lumineuses aux pieds (si, si !), au centre de la scène, avec devant lui une console et une double platine dont chacun des bras supporte un petit spotlight tournoyant inlassablement, éclairant par intermittence son beau visage. L’unique plage musicale de sympho-noise débute lentement, doucement. D’apaisante, propre à ralentir le rythme cardiaque, elle devient très progressivement mais inexorablement perturbante, parfois menaçante, au rythme de la chute aléatoire des bris de verre qu’il déverse sur les platines, du couteau qu’il plante dedans, provoquant grésillements, larsens et autres stridulations. La montée en puissance se savoure tout au long de ces trente-cinq minutes au cours desquelles le son ne cesse de se densifier. Shantidas, imperturbable et concentré, s’affaire sans cesse derrière la console, les spotlights tournent de plus en plus vite, l’éclairage est de plus en plus fort avec notamment des rayons lasers verts projetés vers le plafond de la salle, je suis scotchée ! Sans atteindre le niveau d’introspection dans lequel le concert d’ALUK TODOLO au Petit Bain en 2017 m’avait plongée (difficile de comparer l’incomparable, mais encore plus compliqué d’éviter le parallèle), l’audacieuse performance de SHANTIDAS, tout en crescendo, fut déconcertante, intrigante et fascinante.
Magnifique soirée samedi dernier dans un Espace B sold out, quelques 150 personnes venues souffrir et reprendre espoir avec Lingua Ignota. En première partie, après les platines saupoudrées de bris de de verre de la Cantine de Belleville l’an dernier, Shantidas nous présente son fameux set "Requiem pour un caddie" avec charriot de supermarché sonorisé.
Sapé comme un survivant de l’apocalypse façon New York 1997, il use de tout un tas d’objets, de la barre de fer au cric en passant par le cran d’arrêt, pour maltraiter le caddie de récupération, symbole évident d’un consumérisme galopant auquel le musicien d’Aluk Todolo va jusqu’à s’enchaîner, affrontant la bête à bras le corps au gré d’un soundtrack dystopique de drones et de percussions métalliques accompagné de gerbes de fumée...
... pour finalement la terrasser, la piétiner et la laisser mourir dans un râle : l’humain a repris ses droits, et nous, passés les petits problèmes techniques du début de set, on en a pris plein les tympans dans une atmosphère irradiée des plus magnétiques.
Illustration visuelle ornithologique, sépia et guitares hantées ? Entre ça et la sortie simultanée d'un album de l'autre cordiste d'Aluk Todolo, dans une étonnante veine americana-folkdrone méditative, la surprise est difficile à éviter : on n'avait pas vu venir Shantidas et Inselberg en nouveaux Scott Kelly et Steve Von Till, surtout pas lorsqu'on a vu jouer le premier à la cave du Rigoletto un envoûtant set d'ambient-noise au rituel malicieusement (à tous les sens du terme) sursauté de chaleureux menus bruits de pétards (la mémoire nous fait défaut, au moment de se rappeler si le caddie était du line-up).
L'envoûtement, pour sûr, est le point de continuité, car point il y a ; et, de façon plus cérébrale sans doute, mais palpable pourtant, des pétales de l'âme si elle en a, dans cet art qu'a le guitariste, manifeste également dans Aluk Todolo, pour jouer dans le flottement permanent ; en bien des sens du terme.
Une pratique de la lévitation ici plus contemplative, moins menaçante on le devine - mais non moins saisissante. "Hanter" est également un savoir-faire commun aux deux propositions qu'il fait, de même qu'un instinct viscéral du psychédélisme comme foi dépassant un seul carcan esthétique déjà transversal (doux Jésus ! parler de cette musique vous change-t-elle de facto en Laurent Catala, cet éminent et respecté confrère, ami du musicien dont il est question ?). C'est peu de le dire. Si jamais l'on doit penser à Amber Asylum au cours saturnien et fantomatique de cette Musique pour Ombres Mécaniques (c'est plus qu'un risque, croyez le), ce ne sera pas seulement en raison d'Oakland, et des ponts inconscients confessés en préambule.
Ce qu'on retrouve, du Shantidas Riedacker vu en concert il y a bien longtemps dans un registre superficiellement différent ? Un sens profond de l'intranquillité, et de la (grande, et paradoxalement rassurante) beauté qui en peut fleurir, telle un parfum volatil et profond.
Après le bassiste (1), c'est au tour du guitariste de ALUK TODOLO de produire son tout premier disque solo sous forme vinyle (sur le même label qu'INSELBERG / WV Sorcerer Productions).
SHANTIDAS RIEDACKER est dans la création d'ambiances d'obédience 'dark'. Temps suspendu, accord mineur, je pense plutôt à des vieux disques solo de Roy MONTGOMERY qu'à des pointures plus expérimentales comme Tashi DORJI. Le son brille littéralement, superbe enregistrement avec quelques field recordings (oiseaux). Se greffent ensuite les effets des différentes pédales / boucles / réverb aux sonorités disparates pour créer la toile de fond, un décor sobre au ciel pesant... l'idée ici est bien la création d'espace, je dirais cinématographique, ambiances caverneuses, obscures, musique de nuit solitaire, en pleine forêt, dans un épisode fou de Twin Peaks. Les images apparaissent en nombre. J'aime ces blues sombres, transpirants avec ce quelque chose de nostalgiques et de sereins. 'voyage' et 'horizon' s'étendent chacun sur toute une face et parlent directement aux amoureux des ballades sur les hauts sommets. C'est marrant quand même ce rapprochement avec INSELBERG, la solitude et la montagne.
Il faut prendre le temps avec ce disque et savoir le sortir au bon moment pour en sentir la profondeur : ce fût une nuit pour moi, j'espère que vous trouverez le vôtre.